Rapport Annuel Esso S.A.F. 2016

Des marges de raffinage en repli La marge brute indicative de raffinage carburants et combustibles, publiée par la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, s’est établie en moyenne à 25 € par tonne en 2016, en baisse très significative par rapport à 2015 (45 € par tonne), particulièrement du fait du niveau élevé des stocks de produits finis. Par ailleurs, les prix bas de l’énergie aux États-Unis ont relancé le raffinage local et ont limité les exportations des essences européennes. Le niveau de stocks de produits raffinés s’est réduit progressivement à l’automne. Amplifiée par les arrêts pour maintenance de certaines raffineries sur cette période, cette réduction a permis une légère hausse des marges brutes de raffinage au dernier trimestre. Au final, le taux d’utilisation des raffineries était estimé à 80% en France sur la période (source UFIP).

Contribuer à la transition énergétique Améliorer l’efficacité énergétique pour préserver l’environnement est un enjeu majeur. Consciente des enjeux climatiques, l’industrie du raffinage sait qu’elle a un rôle important à jouer dans le cadre de la transition énergétique, en particulier pour réduire l’impact de ses activités sur l’environnement et réduire sa consommation d’énergie. Elle développe également de nouvelles technologies pour fabriquer des carburants plus propres et pour réduire les consommations. À ce jour, le pétrole fournit plus de 90% des besoins pour le secteur des transports en France. Malgré leur part grandissante, les énergies renouvelables ne pourront assurer à elles seules efficacité et sécurité énergétiques. Il est important de ne pas opposer les énergies entre elles, car la France et le monde auront besoin de toutes les énergies pour satisfaire la demande. L’Europe et notamment la France se sont fixé des objectifs très ambitieux en matière de décarbonisation de l’économie, spécialement dans le secteur du transport. Par rapport à d’autres secteurs, la réduction des émissions dans le transport est particulièrement difficile, car les coûts sont relativement élevés et ces activités sont très dépendantes des combustibles liquides. La transition énergétique est un long processus pendant lequel le raffinage et la distribution de produits pétroliers doivent rester performants. D’autres solutions existent pour le transport, mais nécessitent encore du temps et de la recherche pour atteindre leur maturité technique et économique. L’industrie du raffinage restera donc essentielle.

Une stabilité de la consommation française

Une baisse sensible des ventes de véhicules diesel Pour la première fois depuis 2000, la part de voitures neuves diesel vendues en France est passée, en janvier 2017, sous le seuil des 50%, à 47,9%. Le rééquilibrage en faveur des moteurs essence pourrait encore s’accentuer de par la volonté politique et la fiscalité. Le diesel va désormais être concurrencé sur l’un de ses débouchés clés, les flottes d’entreprise. En effet, depuis le 1 er janvier 2017, les véhicules d’entreprise roulant à l’essence pourront eux aussi prétendre progressivement à une déductibilité de la TVA pour les frais de carburants.

Consommation française par produit (en millions de tonnes)

40

30

20

10

Marges brutes de raffinage en 2016 (en €)

0

1974

1984

1994

2004

2016

Gazoles Fiouls domestiques

Supercarburants Carburéacteurs

Fiouls lourds

La part du diesel dans les véhicules neufs vendus (en%)

La consommation de produits pétroliers a atteint 74,5 millions de tonnes en 2016, soit une légère diminution de 0,5% par rapport à 2015. Cependant, les évolutions ont été très différentes selon les produits avec une légère augmentation des carburants routiers de 0,4%. Sur l’année 2016, le marché des supercarburants est en hausse de 2,7%. Le recul de 4,2% de la consommation de super SP 95 a été plus que compensé par les hausses de 8,4% des livraisons de super SP95-E10 et de super SP 98. Le marché du gazole est en légère baisse de 0,1%. En moyenne annuelle, le prix du gazole est ressorti à 0,41 €/l HT les immatriculations totales de voitures particulières neuves se sont établies à près de 2 millions d’unités en 2016, en hausse de 5,1% en données brutes. La part des voitures particulières diesel a poursuivi son recul puisqu’elle est ressortie à 52,1% en 2016, contre 57,2% en 2015 et 72,4% en 2012, année record. Avec 410 000 immatriculations en 2016, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs a progressé de 8,1% en données brutes et de 7,7% en données corrigées par rapport à 2015. Enfin, le marché des véhicules industriels s’est accru de 13% en 2016, à plus de 47 000 unités. En 2016, les livraisons brutes de fioul domestique ont diminué de 5,2%. Si l’on corrige ces données avec le climat, le recul a été de 13%. Depuis 2012, les livraisons de fioul domestique ont reculé de près de 20%, soulignant la poursuite de la baisse de l’utilisation de cette énergie comme mode de chauffage en France. Une hausse continue des taxes sur les carburants Les pouvoirs publics ont la volonté d’augmenter la fiscalité sur les carburants et ont amorcé la convergence des taxations entre essence et diesel au travers de la TICPE, de la récupération de TVA sur les carburants pour les sociétés, de la taxe carbone et, bien sûr, de la TVA sur l’ensemble. Cette hausse de la fiscalité sur les carburants, qui représente la quatrième source de revenu pour l’État, a eu cependant peu de répercussions directes sur les prix affichés à la pompe du fait de la baisse du prix du pétrole brut. Le 1 er janvier 2016, le litre de gazole a subi une hausse fiscale de 3,6 centimes alors que la taxe sur les essences a augmenté d’environ 2 centimes. Entre début 2015 et début 2017, les taxes sur le diesel ont augmenté de 12,3 centimes par litre. D’autres éléments pèsent sur le prix des carburants. En effet, depuis le mois d’octobre 2016, les fournisseurs d’énergie ont de nouvelles obligations pour financer des opérations d’économie d’énergie. Cette augmentation des charges, induite par la hausse de l’obligation CEE (certificats d’économies d’énergie) sur les carburants et le fioul domestique, correspond à un montant estimé entre 3 et 6 centimes d’euro par litre. (- 13,9% par rapport à 2015), soit 1,1055 €/l TTC (- 3,8%). Selon le Comité des constructeurs français d’automobiles,

25 €/t

74% 71% 68%

68%

Consommation finale d’énergies en 2015 en France

52%

J F M A M J J A S O N D

2003

2007

2010

2013

2016

Une industrie qui doit rester compétitive Le raffinage est stratégique pour la consommation énergétique, ses perspectives à l’échelle mondiale restent en croissance à court et moyen termes. Cependant, il est indispensable que cette industrie reste compétitive, alors qu’elle doit composer avec un coût d’énergie, une législation, des réglementations et des taxes qui la pénalisent par rapport aux produits importés. Le raffinage français doit pouvoir en effet dégager les moyens lui permettant d’investir pour pérenniser son outil industriel, assurer sa compétitivité et améliorer son efficacité énergétique. Cette industrie travaille pour répondre à la demande nationale et fabriquer, de façon rentable, des carburants toujours plus propres. Le carburant pour le transport maritime est un exemple des contraintes que le raffinage doit intégrer. Ainsi, dans les zones SECA (Sulphur Emission Control Area) – c’est-à-dire la Manche, la mer du Nord, les côtes nord-américaines et une partie de la zone des Caraïbes –, alors que la teneur en soufre des carburants marins devait depuis 2010 être inférieure à 1%, cette limite était passée à 0,1% en 2015. En 2020, un plafond de 0,5% de soufre devrait être appliqué à l’ensemble des mers et océans (contre 3,5% aujourd’hui), en dehors des zones SECA. Des enjeux stratégiques pour l’économie et la sécurité énergétique Le raffinage est essentiel pour assurer la sécurité énergétique de l’Europe qui ne peut dépendre totalement des importations de produits finis : cet impératif a été rappelé par le Parlement européen lors des forums organisés les 1 er mars 2016 et 2 février 2017. Par ailleurs, la crise du secteur, avec les mouvements sociaux qui ont affecté en mai 2016 le fonctionnement de bon nombre de raffineries françaises, certains dépôts ainsi que l’approvisionnement des réseaux de stations-service, a rappelé l’importance de cette industrie pour l’économie et le quotidien des Français.

L’évolution de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et son impact sur la TVA ont résulté début 2017 en une hausse de 3,9 centimes d’euro par litre sur le gazole, et de 1,10 centime d’euro pour les supercarburants. À l’horizon 2020, les hausses seront respectivement de 8,1 et 7 centimes d’euro. En région parisienne, la TICPE sera augmentée de 6,2 centimes le litre pour le gazole, 2,4 centimes pour l’essence du fait de la nouvelle taxe pour financer le coût du passe Navigo. Cette fiscalité de plus en plus lourde sur les carburants témoigne d’une volonté politique de réduire fortement la place du pétrole, alors que ce carburant est accessible au plus grand nombre à des coûts abordables et possède une densité énergétique à ce jour inégalée.

3 % Charbon et coke

10 % Renouvelables :

20 % Gaz

22 % Électricité nucléaire

45 % Produits pétroliers

électricité, chaleurs et carburants

ESSO Rapport annuel 2016 12

ESSO Rapport annuel 2016 13

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